Jérôme Attal, de paroles en éloges…

Quelle chouette nouvelle en me réveillant ce mercredi 4 octobre !
En scrollant sur Facebook, je tombai sur une publication de Jérôme Attal qui partageait ses dates de séances dédicace à venir. Et quelle aubaine, il serait le jour même à la librairie Mon Chat Pitre, à Aix-en-Provence. Quel lieu plus propice à la présentation de son Petit éloge des chats ? Cette librairie à chats – la première en Europe – j’en avais déjà entendu parler, bien sûr, mais ne m’y étais encore jamais rendue. Quelle plus belle occasion ? Ça tombait bien, je n’avais rien de prévu cet après-midi-là… De paroles en éloges, je serais bientôt conquise !

Jérôme Attal, la première fois que j’ai découvert son nom, c’était sur la page Facebook d’Erwan Larher, un auteur que j’affectionne particulièrement, et que je raconte dans L’article que je ne voulais pas écrire. Erwan, quand il ne se fait pas silencieux sur les réseaux, ne manque pas d’adresser dans ses posts quelques clins d’œil à ses potes. Jérôme Attal et Gilles Marchand étant bien souvent les premiers sur la liste. Et moi, j’adore ! Et je suis curieuse… Je me suis empressée d’aller découvrir qui étaient ces deux-là, et depuis, je les suis !
J’ai d’abord lu Gilles Marchand, Une bouche sans personne et Des mirages plein les poches. Un univers fabuleux que je n’ai pas pris le temps de mettre en avant sur ce blog. Un jour viendra, peut-être…
Puis, fin 2021, tandis que je m’apprêtais sans le savoir à donner mon dernier baiser, j’ai découvert la plume de Jérôme Attal à travers son Petit éloge du baiser. Un vrai délice ! Je reviendrai certainement sur ce sujet en janvier, quand sortira chez Fayard son prochain roman, Neuf rencontres et un amour… Mais pour l’heure, revenons-en plutôt à nos chats !

Un homme de goût, un homme de coeur

J’avais prévenu Jérôme que je pointerais mon museau en fin de journée, mais il n’avait pas vu passer mes messages. Alors, quand j’arrivai à la librairie Mon Chat Pitre, je dus tout recommencer. Me présenter, lui faire part de l’objet de ma venue… Non pas une dédicace, mais deux ! (Il fallait conjurer le sort ; je tenais à voir mon Petit éloge du baiser sacralisé !) Et surtout, je venais quémander un article auprès d’un auteur qui en était déjà à son dix-huitième ouvrage et dont je n’en avais lu qu’un. Autant dire que j’arrivai comme une chatte précautionneuse, à pattes de velours…

Evidemment, l’auteur était en compagnie – le contraire eut été bien triste ! Et, les circonstances étaient touchantes : il avait retrouvé un copain de longue date, Bernard. Ou plutôt, le fils d’un ami de ses parents qu’il n’avait pas vu depuis ses un an. Soit plus de cinquante ans ! De quoi se raconter toute une vie, tout un roman ! Et moi qui tombais là, comme un poil dans la pâtée…
Néanmoins, Jérôme m’accueillit « chat-leureusement ». Avec des madeleines ! Et pas n’importe lesquelles… De chez Christophe, s’il vous plait !
Est-ce parce que sa tante s’appelle Madeleine ou parce que les madeleines ça vous dérange si peu dans votre travail ? Ou parce qu’il y a quelque chose de Proustien dans cette douceur ? Je ne saurais vous donner l’alibi de ces madeleines, mais j’avais un chewing-gum dans la bouche et, à regret, la première fois, je refusai.

Des allures de dandy romantique, une mélancolie sous jacente, et une voix un peu précieuse comme il n’y en a pas deux… Si Jérôme est un homme de goût, loin d’être un enjôleur, c’est un homme de cœur, au tempérament de chat. D’ailleurs, quand on découvre un peu son parcours, quand on lit ses ouvrages (ne serait-ce que deux !), on se dit que cet homme a déjà vécu au moins neuf vies ! Une véritable encyclopédie ! Un homme plein de ressources qui sait étayer ses sources. De ceux qui font de la culture une exquise confiture.

Les chats, matière à littérature

Ainsi, se plonger dans ce Petit éloge des chats, c’est faire le plein de références historiques, artistiques et culturelles, mais aussi d’anecdotes personnelles tout aussi riches d’enseignements. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les chats sont une sacrée matière à littérature ! Et pas seulement…

De l’Égypte antique à l’espace intersidéral, de Kipling à Hemingway, de Miyazaki à Murakami, de Walt Disney aux Marvel, d’Alice au Pays Merveilles à Catwoman… passer d’un univers à l’autre et comprendre pourquoi, « face à un chat, Superman ne faisait (assurément) pas le poids. »
De Einstein à Spielberg, de Cocteau à Carax en passant par La Boom de Pinoteau (oui, oui, vous ne rêvez pas !), il n’est pas une page sans que l’on n’ait l’irrépressible envie d’aller étoffer toutes les informations livrées dans ce recueil.
Approfondir le scandale généré par l’Olympia de Manet, redécouvrir La Venus au Miroir de Velasquez et, de fil en aiguille, La Maja nue de Goya. Se pencher sur Le Lever de Balthus (le roi des chats !), puis sur toute son œuvre. Se jeter frénétiquement sur l’épisode Smelly Cat de la série Friend. Chercher une certaine couverture du New Yorker dessinée par Sempé, en trouver plusieurs, mais pas celle concernée…
Se demander comment on a pu passer à côté des chats de Louis Wain, ou de Fritz, le chat lubrique de Robert Crumb. N’avoir aucun souvenir de Breakfast at Tiffany’s, et se dire qu’il faudra bientôt palier à d’autres lacunes, comme regarder Mon voisin Totoro et lire Bukowski qui attend son heure parmi tant d’autres dans la bibliothèque… Parce que, moi aussi, je pense que « L’amour doit venir à vous comme un chat affamé à votre porte » !

Découvrir L’ode au chat de Pablo Neruda, relire Le chat et l’oiseau de Prévert, et s’émouvoir sur La dame au chat qui pleurait dans le train…
Que d’émotions, aussi, au souvenir de Waldo Kitty. Un dessin animé si spécial, tombé aux oubliettes, enseveli avec tout un pan de mon enfance. Vite, je m’empressai de le faire découvrir à mon fils qui enchaîna avec Titi et Grosminet. A 15 ans, loin de trouver cela désuet, il ne manqua pas de relever que c’était quand même d’un tout autre niveau que les dessins animés d’aujourd’hui… Et finir en se disant qu’il nous faudra bientôt revoir les Aristochats !

Adhérer pleinement à une citation de Mallarmé : « Je pense que le chat est nécessaire à un intérieur. Il le complète. C’est lui qui polit les meubles, en arrondit les angles, lui qui donne à l’appartement du mystérieux. Il est bien le dernier bibelot, le couronnement suprême. »
Et rire de bon cœur, page 145, à la fin d’un court dialogue entre Agnès (L’école des femmes de Molière) et le scientifique Schrödinger.

Réécouter Moon River et Penny Lane, aller découvrir les surprenants titres de la compilation Exotic Beatles, et laisser dérouler la playlist Karoké avec son chat, telle quelle ! En commençant évidemment par The Cure, après avoir hésité un instant avec The Year of the Cat.

Et surtout, se rappeler d’éviter de dégainer son téléphone en disant « je vais vous montrer des photos de ma chatte ! »

The Cure, The Lovecats

Jérôme Attal, homme de Lettres et artiste pluriel !

Si je n’ai pas encore percé l’énigme de cet auteur qui affirme que « les écrivains sont comme les chats, ils cultivent le goût du mystère » et surtout qu’« une phrase doit toujours retomber sur ses pattes », comme lui, je revendique qu’«il n’y a rien de plus beau qu’une phrase acrobatique, balancée comme il faut, audacieuse et aérienne ». (Que de queues dans cette phrase bizarrement balancée !)

Comme ce grand écrivain mystère, Jérôme Attal est incontestablement un homme de Lettres. Un homme à textes ! De chansons en romans, de livres pour enfants en petits éloges délicieux, chez lui ce sont les phrases empreintes de poésie qui nous touchent de plein fouet ! Il semble qu’une plume lui ait été greffée à la main dès la naissance. Comme un cadeau du ciel ! Et pas seulement la plume, un art de s’exprimer, car Jérôme est un artiste pluriel !
A la fois écrivain, scénariste, parolier, auteur-compositeur-interprète, il est également l’acteur principal de deux courts-métrages réalisés il y a quelques années.

Rien d’étonnant, donc, à ce que Jérôme qui a écrit plus de 400 chansons ait obtenu le Grand Prix Sacem de la Chanson Française en 2020, ou encore le Prix Amic décerné par l’Académie Française, cette année, pour son roman L’âge des amours égoïstes. Roman que je vais m’empresser de me procurer, tout comme 37, étoiles filantes publié en 2018.
Et, parce que ceux qui me connaissent bien savent tout l’intérêt que je porte au Journal d’Anaïs Nin, j’attends maintenant avidement la sortie de Neufs rencontres et un amour. Roman qui sortira le 3 janvier 2024, et qui relate les amours tumultueuses entre Anaïs Nin et Antonin Artaud. Une histoire qui ne dura que trois mois, mais qui ne manqua assurément pas d’intensité.

De paroles en éloges…

En attendant, je ne peux que vous encourager à courir (comme Denis Lavant, avec Modern Love dans les oreilles !) vous procurer ce Petit éloge des chats. Et, si vous êtes à proximité d’Aix-en-Provence, d’aller découvrir cette « chat – l’heureuse » librairie qu’est Mon Chat Pitre. Ici, pas d’obligation d’achat, seulement des obligations de chats ! J’aurais aimé vous parler plus longuement de ce lieu atypique où les chats sont rois, mais il me faudra y revenir… L’objet d’un prochain article, peut-être…

Mais si, comme Deleuze, vous n’aimez pas les frotteurs, alors repliez-vous dans La Solitude Suprême et pleurez sur le sort du Beluga , ou réconfortez-vous dans un fauteuil du Ciné Doré. Trois titres du deuxième album de Jérôme Attal qui sortira en février, déjà disponibles sur toutes les plateformes musicales. C’est doux, c’est bon…
En cette période obscure, quoi de plus salvateur que de faire la lumière sur nos ténèbres pour les traiter comme des lucioles… Comme La fille aux allumettes, continuons à chercher des histoires qui réchauffent !
Erwan avait raison, Jérôme est un tombeur ! De paroles en éloges, il sait séduire et fidéliser son public. En ce qui me concerne, je suis déjà conquise ! J’attends avec impatience le mois de janvier pour me plonger dans son prochain roman… Et vous, quel livre choisirez-vous ?

La fille aux allumettes de Franck Guérin

Livres cités de Jérôme Attal :

Petit éloge des chats, Les Pérégrines 2023
Petit éloge du baiser, Les Pérégrines 2021
L’âge des amours égoïstes, Robert Laffont 2021
37, étoiles filantes, Robert Laffont 2018

A noter également la parution de La Ballade de Pattie, Georges et Eric, Le Mot et le Reste 2022

A paraître le 3 janvier 2024 : Neufs rencontres et un amour, aux éditions Fayard

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Erwan Larher, L’article que je ne voulais pas écrire